LE PROBLEME DU SYSTEME LUSOCENTRIQUE DES RAPPORTS CULTURELS MONDIAUX

(après la lecture des mémoires dun Vietnamien)



(Vasco da Gama. Homens, viagens e culturas. Vol. II. Lisboa, 2002. P. 345 354).



Les grandes découvertes géographiques représentant un des faits les plus étonnant de la Renaissance, ont transformé radicalement limage du monde et ont déterminé, en grande partie, un courant nouveau de lHistioire 1 , la justesse de cette affirmation comme celles y pareilles ne pourrait pas être mise en doute. En fait, grâce aux grandes découvertes géographiques et, notamment, à lexpédition de Vasco da Gama, lhumanité est devenue autre. La notion même de lunversalité des horizons de lhumanité renouvait, à fond, la conscience sociale. Il est probable quon ne pourrait pas être mise également en doute la thèse concernant le fait que lune des conséquence éloignée des découvertes de Vasco da Gama, dont, peut-être, ce grand navigateur ne se doutait même pas, était la formation de la notion de la culture mondiale, comme celle de la littérature mondiale. Ce nétait que Johann Gottfried Herder qui a commencé a réfléchir intensément sur ces notions, dans la seconde moitié du XVIII-ème siècle, et après lui, cétait J.W.Goethe. Ces contacts culturels, ces rapports littéraires entre lOrient et lOccident à l échelle universelle sintensifiaient et nourissaient abondamment les réflexions philosophiques.

A cet effet, rappelons-nous, que le siècle des Lumières en Europe a opté, pour quelques temps, en guise de son idéal, en faveur de la Chine qui suivait la doctrine et les préceptes de Confucius. La Chine se présentait comme un pays utopique où un empereur juste (ou plutôt, un empereur-philosophe) et des sages philosophes règnent ensemble 2.

Certes, que grâce à ces opinions, en 1762, Oliver Goldsmith, écrivain anglais, a publié, à Londres, une série de ses fameux essais sociaux et de vie courant entitulée par Citoyen du monde ou Lettres dun philosophe chinois, habitant Londres, à ses amis en Orient . Dans le livre de Goldsmith, le philosophe chinois décraivait dans ses lettres, la vie anglaise, étant sage et humain, ce Chinois trouvait beaucoup de choses étonnantes dans les règles sociales et les moeurs des Anglais. Mais ces essais étaient pseudoorientaux, et le philosophe chinois était un personnage conventionnel. Goldsmith a inventé ce personnage sous linfluence des Lettres persanes de Montesquieu. En réalité, il existait, à la fin du XVIII-ème siècle, un Vietnamien et pas un Chinois. Il vivait non pas aux bords de la Tamise, mais à ceux du Tage, et non pas à Londres, mais à Lisbonne, et cela va de soi quil écrivait ses mémoires sur le Portugal et les Portugais, sur lEurope et les Européens ; sur le Vietnam et les Vietnamiens, sur la Chine et les Chinois, sur le Macao et ses habitants. Il écraivait en vietnamien pour ses amis en Orient, plus précisement, au Vietnam, comme à Macao.

On discerne, à travers ses mémoires, une forte intelligence au sens pratique. En ce qui concerne les considérations critiques et très sages de lEurope de lépoque, celle des guerres napoléoniennes, on pourrait en trouver assez sufisamment, dans le livre de ce vietnamien. Par exemple, en parlant en sage, il jugeait la situation des conflits militaires et des intrigues politiques incessant en Europe de la fin du XVIII-ème-du début du XIX-ème siècles. A juste titre, il opposait à la situation des pays eurpopéens, la coexistence pacifique de deux pays-voisins, à savoir la Russie et la Chine : Le souverain du pays de la Grande Min (de la Chine N.N.) et le souverain de Russie respectent lun lautre, à linverse des pays occidentaux (européens N.N.) qui tantôt sont en guerre, tantôt se reconcilient, comme des petits garçons qui gardent les buffles à Annam (Vietnam N.N.) 3. Dans ces propos, lauteur a atteint, sans doute, les hauteurs de la sagesse créées par la tradition séculaire de la pensée philosophique de lExtrême-Orient, et cet exemple tiré de la vie villageoise vietnamienne cité en comparaison donne à ses paroles une couleur particulière et vive.

Si les oeuvres de voyages en Orient, à partir de lépoque de Marco Polo, abondent, celles des auteurs orientaux concernant lEurope restaient toujours uniques, au XVIII-ème-au début du XIX-ème siècles, avec cela, elles représentent une autres partie intégrante de la formation de la culture mondiale. Parmi ces oeuvres uniques dans leur genre, il existe ce grand volume Livres de notes daffaires différentes ( Sách sô sang chép các viêc ) que jai cité plus haut. Ci-après, je lappelerai tout simplement Le Livre . Il a été écrit en vietnamien (en caractères latins) et a été terminé, en 1822, à Lisbonne, comme la communiqué son auteur vietnamien Philippe Binh (Philippe du Rosario), né en 1759, au Vietnam, et arrivé, en 1796, au Portugal.

Il a laissé un grand héritage manuscrit précieux. Pour notre sujet, il serait intéressant dexaminer lactivité de Philippe Binh dans le domaine de la traduction littéraire. Il connaissait le latin et le portugais, il tradisait en vietnamien des bulles de pape et dautres documents. Avec cela, soulignons une importance particulière de sa traduction (ou de son adoptation) en vietnamien de Peregrinção de Fernão Mendes Pinto. Ce manuscrit est daté de 1817. Ainsi, on pourrait en tirer la conclusion importante suivante : la première oeuvre de la littérature européenne traduite par les Vietnamiens en leur langue maternelle nétait ni celle dun auteur français, ni fables de La Fontaine (dont la traduction est datée du début du XX-ème siècle), mais le fameux livre de la Renaissance portugaise. Il est probable que la traduction de Philippe Binh soit la plus ancienne et, peut-être, lunique traduction du livre de Fernão Mendes Pinto en une langue orientale. Grâce à cela, on voit sélargir brusquement les horizons de deux cultures, celle du Vietnam qui fait partie de laréa culturel dExtrême-Orient, et celle du Portugal (cest-à-dire européenne).

Philippe Binh, lui-même, est devenu lauteur dune oeuvre appartenant au genre de voyages intitulée par Le nouveau Livre de Voyages où il décrivait les détails de son voyage avec ses compagnons du Macao à Lisbonne.

Si nous prenons aussi en considération le livre des mémoires de Philippe Binh où il y a des nouvelles inserrées, nous pourrions affirmer quil existe une nécessité persistante et des fondements suffisant pour tirer la conclusion suivante : la nouvelle prose vietnamienne a commencé à se former non pas à la fin du XIX-ème siècle, comme on lavait jugé avant, mais au début de ce siècle (et, peut-être, même, à la fin du XVIII-ème siècle), et non pas sous linfluence de la littérature française, comme on le croit généralement, en se référant aux noms de Truong Vinh Ky (1837-1898) et de Huynh Tinh Cua (1834-1907), mais, à son étape initiale, sous linfluence de la littérature portugaise et même celle portugalo-brésilienne, tout cela, en gardant du respect pour la Chine et pour la culture chinoise, propre au Vietnam. Par cela, on discerne une échelle universelle de ces rapports ; selon moi, elle était déterminée par les rapports culturels mondiaux radicalement nouveaux. En examinant plus attentivement au Livre des mémoires de Philippe Binh, nous pourrions percevoir facilement son attachement à la réflexion à léchelle universelle. A lépoque, ce mode de penser nétait pas du tout propre au Vietnam ou à autres pays dAsie. Cest pourquoi, il faudrait apprécier à juste titre ce grand progrès dans lévolution de la perception du monde qui a une grande importance pour les peuples de lOrient.

Ainsi, juste à la fin du XVIII-ème- au début du XIX-ème siècle, aux bords du Tage, vivait un Vietnamien qui écrivait son Livre étonnant sur lOccident et lOrient, traduisait en vietnamien le Peregrinção de Fernão Mendes Pinto, composait lhistoire du Vietnam et autres livres, cest-à-dire, à lépoque même, où le grand Goethe parlait de la littérature mondiale et créait son Divan occidental et oriental . Goethe écrivait : Mon intention consiste à lier, avec joie, lOccident et lOrient . Certes, on pourrait mettre ces paroles comme une épigraphe à tout loeuvre littéraires et scientifique, aux mémoires de Philippe Binh.

Ses mémoires se distinguent par un large diapason thématique. On voit chez cet auteur vietnamien lélargissement des horizons géographiques et historiques inconnu avant. Soulignons une importance qualititative de tout cela pour les perspectives de la culture vietnamienne, pour la formation, au Vietnam, du type de mentalité propre aux Temps Nouveaux. Cependant, sans doute, ce nétait quune période précoce, quun début du processus. Philippe Binh an tant quune personnalité, quun homme de culture et penseur appartenait, dune part, au Vietnam traditionnel, médiéval, mais, dautre part, il faisait déjà des pas décisifs sur la voie de la connaissance de lOccident. Etant porteur de sa culture originelle vietnamienne, il sest trouvé dans un milieu tout à fait différent, dans un monde nouveau pour lui. Cétait avec une grande curiosité quil examinait, observait, étudiait ce monde qui sest ouvert devant lui, tout en comparant le Portugal (en tant quun représentant de lEurope) avec le Vietnam de lépoque. En ce sens, on pourrait le qualifier dun ethnographe lusitaniste, et ses mémoires pourraient servir dune source dinformations concernant lethnologie des Portugais de la fin du XVIII-ème- du début du XIX-ème siècle. En fait, il sintéressait à tout : rues et maison de Lisbonne, écoles et médecine, bibliothèques et imprimeries, moulins à vent et manufactures, commerce extérieur et intérieur du Portugal, vie religieuse et les coutumes funéraires, comme, bien sûr, la Cour royale.

Il approuve beaucoup de choses, il ne comprend pas tout, il sétonne devant tout, mais il traite le Portugal et les Portugais avec un grand respect. Les hommes du pays (les Portugais N .N.) offrent les choses de tout leur coeurs et non pas par obligation 4, notait-il. Pour comprendre la personnalité et les oeuvres de Philippe Binh, il est très important de prendre en considération le fait quil était un Chrétieni pratiquant, catholique formé par les Jésuites. Il voyait beaucoup de choses en partant des intérêts de léglise catholique. Il décrivait les événements tumultueux de lhistoire portugaise et européenne en les appréciant justement de ce point de vue. Philippe Binh possède sa propre logique, sa vision des choses, à travers lesquelles il perçoit, réfracte dans sa conscience et expose ses pensées et impressions. Cette originalité fait le charme, lattirance de ses mémoires et les rend uniques dans leur genre, elles se distinguent par la fraîcheur de sa perception de la culture portugaise et du train de vie des Portugais. Avec cela, il cherchait à faire correspondre toutes ses impressions avec son exprérience de vie précédente au Vietnam traditionnel, dans un monde tout à fait différent. De lOrient médiéval, il est arrivé en Europe de la fin du siècle des Lumières et au seuil du XIX-ème siècle, celui des machines à vapeur et de lelectricité.

La rencontre des cultures de lOrient et de lOccident, éloignées lune de lautre, du point de vue géographique, historique, ethnique, renfermait beaucoup de possibilité pour lenrichissement spirituel mutuel. On pourrait affirmer, à juger les mémoires de Philippe Binh quil a su réalisé sufisamment ces possibilités, ce qui fait la valeur de ses mémoires.

Lunversalité de la pensée de Philippe Binh rejetant les stéréotypes traditionnels, se manifeste, par exemple, dans ses propos concernant le commerce de cacao, où il se référait aux problèmes économiques des Philippines, du Macao, du Portugal et du Brésil. En sétonnant du prix assez bas dune tasse de cacao au petit déjeuner dun Lisbonnais, Philippe Binh cherchait à comprendre le mécanisme économique du commerce international de cette époque. Ses raisonnements à propos du thé importé de la Chine étaient également accompagnés de calculs économiques et de linformation sur ce que le roi portugais est préoccupé de la création au Brésil (au Monde Nouveau) des plantations de thé. Bien à propos, Philippe Binh démontrait que le thé, ce symbole de la culture de lExtrême-Orient en Europe, y a été perçu dune façon très utilitaire, par différence du Vietnam, où lon a asimilé aussi le côté spirituel et la culture raffinée de consommation du thé. Ngo Thi Nyam (1746-1803), poète vietnamien, contemporain aîné de Philippe Binh, considérait le thé parmi les quatre choses (poésie, musique, thé, fleurs) qu un homme vulgaire n est pas en mesure de percevoir et de comprendre. Philippe Binh, qui recevait, à Lisbonne, les lettres du Macao et du Brésil, percevait le poste comme symbole des rapports universels mondiaux, et le facteur arrivant à cheval à toute vitesse, malgré le vent et la pluie, était, pour lui, presquun héros.

Cette vision assez large, propre à Philippe Binh, réflétait très distinctement un trait très important et qualitativement nouveau, caractéristique des contacts culturels des Temps Nouveaux, dont nous avons parlé en tant que résultat de la découverte de Vasco da Gama. Il me semble que le phénomène de Philippe Binh ne représente pas un fait isolé, spontanné et étrange. Par contre, il fait apparaître quelque chose de très important dans lhistoire de la culture mondiale. On ne pourrait le comprendre dune façon adéquate que, dans le cadre du système des rapports culturels qui était premier dans lhistoire de lhumanité et qui se formait à la suite de Grandes découvertes géographiques et embrassait toutes les parties du monde. Pour une époque plus ancienne, on pourrait parler seulement de simples rapports locaux et, plus rarement,de ceux interrégionnaux caractérisant la Moyen Age. Après les Grandes découvertes géographiques, à la suite desquelles le cours de lhistoire a changé, on a vu apparaître le système des contacts culturels mondiaux. Le rôle consolidant y était joué par la langue portugaise, la culture et la littérature portugaises et portugalo-brésiliennes.

Avec cette approche, les faits qui semblent séparés, aujourdhui, pourraient être examinés dans le cadre de ce système. Rappelons-nous de la langue portugaise, en tant que lingua franca, en Asie, dans les mers méridionales, de la culture indo-portugaise de Goa, du siècle du catholicisme au Japon, du Macao, de la propagation du christianisme en Chine et au Vietnam et de bien dautres choses. Par exemple, citons le fait suivant que décrivait Philippe Binhn à savoir, les églises au Portugal, à Santarem, comme en Chine, à Pékin, sont décorées par le même artiste peintre.

Pour la perception des souffles culturelles venant du Portugal aux pays dAsie, il fallait avoir un milieu social déterminé, et il a apparu, au moins, sous laspect de religieux catholiques et chrétiens du nombre des habitants originaires du Japon, de la Chine et du Vietnam. Dans ses mémoires, Philippe Binh se souvient que lorsquil était accueilli, en 1796, dans la résidence royale Queluz, alors, en se promenant, dans le parc, avec le futur roi Joãn VI, il parlait des Chrétiens vietnamiens orientés vers le Portugal. Pour Philippe Binh, la notion de Padroado do Oriente 5 restait vivante, assez importante et actuelle. On peut affirmer que, dans certains pays dAsie, qui ont leurs traditions séculaires, on a vu se former dans leurs cultures des secteurs chrétiens, orientés vers la culture portugaise. La question se pose seulement à quel point ces contacts culturels étaient profonds et durables.

La langue portugaise y représentait le facteur le plus important, elle assurait la fonction culturelle principale, celle de communication, en se transformant en moyen de la communication culturelle internationale. Il est bien connu, et cela nest pas dû au hasard, que les premiers dictionnaires bilingues et trilingues des langues orientales (du japonais, du chinois et du vietnamien) rédigés aux XVI-XVII-èmes aiècles, étaient ceux latino-portugalo-japonais, portugalo-chinois et vietnamo-portugalo-latin. La tradition de deux siècles de la rédaction des dictionnaires vietnamo-portugaux a été continuée par Philippe Binh. Dans son héritage manuscrit, on trouve des dictionnaires rédigés et recopiés par lui. Ils servaient douvrages de référence lors de létude de la langue portugaise. Notons que les caractères latins da la langue vietnamienne utilisés jusquà présent, portent les marques dinfluence de lorthographie portugaise.

Cest pourquoi, compte tenu de tout ce qui est exposé plus haut, il serait juste de nommer le premier système mondial des contacts culturels, dans lhistoire de lhumanité, par celui lusocentrique. Bien quau Vietnam, par exemple, il na pas améné à la création de la littérature portugalophones, comme au Brésil. Cela fut empêché par la tradition écrite locale séculaire, bien développée. Par contre, on a vu apparaître, dans la littérature et culture vietnamiennes un phénomène si remarquable comme celui de Philippe Binh. Sa prose proche daprès sa langue à la langue vietnamienne parlée, a marqué le rejet des traditions et stéréotypes médiévaux, aussi bien que la démocratisation de la littérature, de son style et de son diapason thématique . Les oeuvres de Fernão Mendes Pinto, de António Viera, de José Anchietta, de Fernão Cardim, qui faisaient partie de ses lectures, y contribuaient beaucoup.

Probablement, il faudrait diren que Philippe Binh est resté indifférent envers la littérature portugaise lui contemporaine, ses intérêts se portaient aux époques beaucoup plus anciennes. Pourrait-on supposer que cela témoigne dun trait archaique du système lusocentrique qui était déjà dépassé, vers le début du XIX siècle ? On pourrait également considérer comme un trait archaique qui le rapproche des régions culturelles médiévales, sa formation daprès les caractéristiques confessionnelles, en rapport très étroit avec le catholicisme. A côté des éléments politiques, son inertie, la latentité de son développement ont causé , semble-t-il, la dégradation de ses positions aux pays de lExtrême-Orient. Cependant, même ici, au Vietnam, sont restés ses monuments, notamment, les églises portugaises, les caractères latins de la langue vietnamienne, les dictionnaires vietnamo-portugais, lhéritage manuscrit de Philippe Binh, dont létude nourit les nouvelles recherches concernant la culture portugaise et de lhistoire de ses contacts avec lOrient. Serait-ce possible de ne plus donner aucune importance à tout cela ?

Notes

1. Istoria Vsemirnoi Literatury (LHistoire de la littérature mondiale). T. 3. Moscou, 1985, P. 406.

2. Grintser P.A. Epohi Vzaimodeistviia Literatur Vostoka i Zapada (Les époques dinteraction des littératures de lOrient et de lOccident). Moscou, 1997 , P. 21.

3. Philippe Binh. Sách sô sang chép các viêc (Le Livre des notes diverses). Biblioteca Apostolica Vaticana. Borgiani Tonchinesi No 3, P. 179.

4. Ibid., p. 580.

5. Alvares, Antonio. Memoria sobra o Real Padroado da Coroa de Portugal nas missões do Reino Tunkim. Biblioteca de Ajuda, Lisboa. Vs Av. 54-X-19, No 33, fl. 6.

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